" Quand mon ami souffre je peux le réconforter par mes paroles, essayer de compenser par la douceur de ma tendresse la douleur qui le déchire; son épreuve lui reste strictement personnelle. Je souffre autant que lui, peut-être plus même mais toujours autrement que lui, je ne suis jamais tout à fait « avec » lui.
L'expérience de la mort de l'autre est encore plus bouleversante.
A cet événement exceptionnel qui anéantit celui que j'aime ou qui le transporte peut-être dans quelque autre monde où je n'ai point accès, j'assiste en étranger.
Le déchirement qu'opère en moi la pensée d'une fin que je vois approcher n'est que MA tristesse.
L'angoisse que j'éprouve pour la destinée de mon ami reste MON angoisse.
Que je m'applique à rendre sa mort plus douce ne supprime pas le fait que l'épreuve m'en demeure interdite.
On meurt comme on est né, tout seul, les autres n'y peuvent rien.
Enfermé dans la souffrance, isolé dans le plaisir, solitaire dans la mort, réduit à chercher des indices ou des correspondances dans l'exactitude n'est jamais vérifiable, l'homme est condamné à ne jamais satisfaire un désir de communication auquel il na saurait renoncer. "
Gaston Berger, « Esquisse d'une Phénoménologie de la Solitude »
mais par contre c'est vrai qu'on est souvent seul au moment de mla mort