Il est tard, mais je m'aggrippe pour que tu restes encore un peu. Me retrouver en pature à moi-même - l'Autour est la meilleure manière de fuir le Moi tyrannique de par tout ce qu'il recèle d'insondable et de dévastateur - est une idée qui m'apparaît comme insupportable en cet instant. Il faut dire que les conversations nocturnes sont les plus interessantes, et aussi la plus douce des carthasis. Cet état d'esprit où la fatigue endors le Moi, le rend cotonneux, un peu à l'instar de l'alcool, et refoule le Surmoi castrateur qui cède la place vacante au Ca, typique du rêve et de l'exutoire. C'est bien souvent dans cet état, à mi chemin entre l'éveil et le sommeil, le conscient et l'inconscient, lorsque la sphère thymique des affects entre en symbiose avec la sphère noétique de la représentation, que la vérité s'amène à nous, comme un don salvateur et inespéré que l'on accueille acec gratitude."Je ne pouvais me soumettre au destin plus longtemps. Ce que je voulais, ce n'était pas d'être bon comme notre tradition l'entendait, mais de faire mon chemin". Ce n'est jamais un être précis qui manque à notre psychisme, mais juste un état d'esprit, une ambiance, une ivresse particulière immanente au soi. Et l'intermédiaire est toujours un miroir plus ou moins déformant qui n'est ni jamais tout à fait réaliste, ni tout à fait dans l'erreur, malgré que parfois ce que l'on s'imagine être l'erreur et la réalité, soient en fait les deux vérités inhérentes au soi, les deux antagonistes créant le paradoxe et permettant l'équilibre psychique "Tout est si compliqué que pour s'y retrouver, il faut un esprit exceptionnel. Car il ne suffit pas de bien jouer le jeu! La question revient sans cesse : Est-ce-que tel jeu est jouable maintenant et est-ce le bon jeu ?"
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[Tuer le Surmoi, c'est tuer la Névrose]